vendredi 7 novembre 2025

Girl on a Chain Gang (1966)

Trois jeunes militants pour les droits sociaux (un homme blanc, une femme blanche et un homme noir) traversent le sud en voiture lorsqu'un shérif d'une petite ville les arrête. Ils comprennent rapidement que ce shérif et ses acolytes véreux n'ont aucune intention de les laisser partir...

 


Plus qu'un film d'exploitation "standard", une descente dans le Sud profond qui est une illustration marquante de ce que les préjugés, la corruption et l'hypocrisie collective peuvent causer comme ravages sanglants.
 

Ce film, réalisé par le producteur-distributeur Jerry Gross, est important pour plusieurs raisons* :

1. L'Exploitation du Mouvement des Droits Civiques (Civil Rights Exploitation)

  • Opportunisme thématique : "Girl on a Chain Gang" est sorti en 1966, l'année suivant l'adoption de la loi sur les droits de vote et peu après les meurtres de militants des droits civiques dans le Mississippi (notamment l'affaire de 1964). Le film a capitalisé sur l'atmosphère sociale tendue et les reportages sur la violence raciale dans le Sud.

  • Synopsis : Le film raconte l'histoire de trois jeunes (dans certaines descriptions, un trio interracial) qui s'arrêtent dans une petite ville du Sud et sont rapidement arrêtés et jetés en prison par une police locale corrompue et autoritaire. Ils subissent des injustices croissantes, y compris le travail forcé dans un chain gang.

  • Controversé mais vendeur : Les sources anglophones soulignent que le film exploitait de manière opportuniste les atrocités réelles vécues par les militants, mais il utilisait ces thèmes sociaux sérieux pour créer un mélodrame sensationnaliste et oppressant, destiné aux drive-in et grindhouses (cinémas de quartier).

2. Un Précurseur de la "Hicksploitation" de l'Horreur

Bien que le film ne soit pas un film d'horreur comme Massacre à la tronçonneuse, il a contribué à établir la figure du redneck en tant qu'antagoniste malveillant et dégénéré, incarnant l'autorité raciste et la violence rurale.

  • Il utilise le Sud profond comme un territoire de non-droit, de perversité et de violence incontrôlée, renforçant l'image du redneck comme le "monstre" domestique des années 60 et 70.

3. Le Rôle de Jerry Gross et Cinemation Industries

  • "Girl on a Chain Gang" marque les débuts de réalisateur/producteur de Jerry Gross, une figure clé du cinéma d'exploitation américain.

  • Gross a fondé Cinemation Industries, qui a distribué le film. Cette société était essentielle pour le marché du cinéma indépendant, distribuant à la fois des films d'exploitation softcore, des blaxploitation et des succès indépendants inattendus comme Sweet Sweetback's Baadasssss Song (1971) et Fritz the Cat (1972). Le succès de "Girl on a Chain Gang" a aidé à cimenter la réputation de Gross dans ce circuit.

* le texte qui suit est le résultat d'une question précise que j'ai posée à l'AI Google Gemini. J'estime que cette méthode de présentation permet de mieux comprendre la place du film dans l'histoire du cinéma d'exploitation. Ses sources sont Wikipédia, le livre Maxime Lachaud, Redneck movies : ruralité et dégénérescence dans le cinéma américainMedia Play News, des articles académiques ou critiques (Cambridge University Press & Assessment, OpenEdition Journals), et des références à des critiques (comme celles de Something Weird Video)

A lire aussi : 

https://www.cerealatmidnight.com/2022/04/review-girl-on-chain-gang-1966.html 

J'en ai traduit la majeure partie ci-dessous. 

"Jerry Gross (..) est peut-être mieux connu pour les films qu'il a distribués que pour ceux qu'il a réellement créés. Des films cultes notoires tels que I Spit on Your Grave, I Drink Your Blood, Zombie de Fulci, Penitentiary, The Black Godfather et The Mafu Cage doivent en grande partie leur réputation à Gross et à ses efforts entrepreneuriaux, mais en tant que réalisateur, sa production est beaucoup plus modeste et méconnue. Son premier film, sans doute le plus méconnu, Girl on a Chain Gang, sorti en 1966, a fait l'objet d'une magnifique restauration par The Film Detective en collaboration avec Something Weird Video."  


 

"Le shérif corrompu est interprété par William Watson dans son premier rôle. Watson reprendra ce personnage raciste, sexiste et avide de pouvoir tout au long de sa carrière, à commencer par In the Heat of the Night, sorti un an plus tard, puis dans la mini-série télévisée Roots. C'est également le premier film d'Arlene Farber, Jean Rollins, Matt Reynolds et Ron Segal ; ces trois derniers n'apparaîtront qu'une seule autre fois à l'écran, dans le film suivant de Jerry Gross, Teenage Mother. Pour une raison inconnue, l'acteur afro-américain de ce film n'est pas crédité et reste inconnu. "


 

"Les comparaisons avec La Nuit des morts-vivants (1968) sont inévitables. Tout comme le chef-d'œuvre de Romero, il s'agit d'un film à très petit budget qui aborde des questions sociales telles que le racisme et l'injustice, et qui utilise des éléments non conventionnels et exploitants pour toucher son public. C'est également un film tourné en noir et blanc à une époque où la couleur était la norme dans l'industrie, ce qui lui confère un aspect et une atmosphère uniques qui servent le ton général du film. Contrairement à La Nuit des morts-vivants, Girl on a Chain Gang n'est toutefois pas un chef-d'œuvre. Il comporte toutefois des aspects positifs, tels que la performance visqueuse de Watson (qui a toujours quelque chose dans la bouche : un cigare, une bouteille ou de la nourriture) et la tension qui ne cesse de monter à mesure que nous sommes surpris par ce que le film est prêt à faire subir à ses personnages. Mais il est peut-être aussi un peu trop long pour ce qu'il est. Pire encore, le groupe de forçats promis dans le titre n'est pratiquement pas présent dans le film."


"Ce film s'inspire de faits historiques réels. Deux ans plus tôt, des policiers du Mississippi avaient arrêté un véhicule transportant trois militants des droits civiques (deux hommes blancs et un homme noir) et les avaient détenus sous de fausses accusations. Les trois hommes ont rapidement disparu et l'enquête menée par le FBI a finalement permis de découvrir des piles de cadavres enterrés secrètement dans la ville. Le shérif local, son adjoint et un patrouilleur ont été jugés pour une affaire de meurtre si célèbre qu'elle a inspiré non seulement ce film, mais aussi Mississippi Burning, oscarisé en 1988. Mais il s'agit ici d'un film de série B, et non d'un film d'art et d'essai, et ce film est fait pour divertir, pas pour éduquer. Des raccourcis ont été pris : il a été tourné à Long Island, dans l'État de New York, et certaines performances, comme celle d'un juge vers la fin du film, (...) frôlent la comédie."


 
Le titre ne reflète qu'une petite partie du film, avec une touche de W.I.P.  

 

Le film en VO :

mp4 - 3,5 Go

https://1fichier.com/?1d2v5l8h1jys0jth5rkq 

Partage non renouvelable. Fichier trouvé sur le net non conservé.

Les sous-titres maison inédits :

après commentaire, sur demande par email à lebisfaitsoncinema@gmail.com 


Sous-titres anglais créés pour l'occasion : 

https://www.opensubtitles.org/fr/subtitles/13363939/girl-on-a-chain-gang-en 

16 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour ce film de rednecks

    RépondreSupprimer
  2. Merci.Je le connaissais uniquement de réputation.Vivement de visu.RF.

    RépondreSupprimer
  3. Comme d'habitude ici, c'est passionnant de défricher un cinéma à peine évoquer chez nous dans des livres spécialisés, parus il y a quelques décennies.
    Fantastique travail. Merci beaucoup !

    RépondreSupprimer
  4. Je ne connaissais pas Jerry Gross le réalisateur, mais apparemment sa carrière de producteur a l'air plus importante: le producteur due "I drink your blood" et du fameux "Sweet Sweetback's Baadasssss Song" de Melvin Van Peebles l'air de rien... YJ

    RépondreSupprimer
  5. Merci pour ce périple dans l'amérique profonde...

    RépondreSupprimer
  6. A tous les intéressés : un grand merci. Je répondrai à vos emails lorsque j'aurai finalisé la traduction, étant cette fois en décalage avec la publication du reste. L'attente en vaudra la peine, croyez-moi. Pour ceux qui veulent, on peut suivre l'histoire avec les srt en anglais que j'ai créés et partagés (dans l'article).

    RépondreSupprimer
  7. On se délecte à l'avance des futurs sous titres, merci

    RépondreSupprimer
  8. Ce film n'a pas eu les honneurs d'une distribution chez nous. Pourtant, la présentation donne l'impression que le film a de nombreux atouts. On attend la trad avec impatience. Merci pour cette curiosité.

    RépondreSupprimer
  9. Merci pour cette découverte et ton partage.

    RépondreSupprimer
  10. A priori il s'agit de l'édition BluRay sorti par SWV et Film Detective. L'image est magnifique, même si je suis toujours surpris qu'en 2025, il continu à garder le format 4/3. Quoiqu'il en soit, je m'en lèche les babines d'avance... Un grand merci pour ce grindhouse qui malheureusement n'avait jusque là pas traverser l'atlantique jusqu'à nous. Grace à toi, c'est maintenant chose faite ;) MERCI.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est le format original de ce film. Un éditeur sérieux ne va pas recadrer un film. Vous réfléchissez ?

      Supprimer
    2. J'imagine qu'il a réfléchi, mais qu'il préfère le recadrage. Ça n'est pas une histoire de bêtise, mais de mauvais goût.
      Encore que, la question est beaucoup plus compliquée que ça : certains films postérieurs à 1953 ont été tournés en 4/3 sans que cela soit pour autant le ratio dans lequel ils étaient destinés à être diffusés en salle, et ça explique certains cadrages bizarres avec des plafonds trop apparents ou un ciel démesuré, voire même le micro du preneur de son qui devient visibles sur le bord du cadre. Mais je soupçonne que les recadrages effectués aujourd'hui par les éditeurs correspondent à des considérations bêtement commerciales (vendre des téléviseurs 16/9) plutôt qu'à des préoccupations qui concernent le respect du patrimoine cinématographique.

      Supprimer
    3. "visible", au singulier, c'est mieux...

      Supprimer
  11. Encore une pépite exhumée à nos yeux ébahis.
    Merci pour tout le job que tu abats.

    RépondreSupprimer

Merci de votre participation, et n'hésitez pas à proposer des liens ou vos propres traductions !
A bientôt !

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...